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[TECHNIQUE] Dilatation du temps dans le western italien : IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST de Sergio Leone (1968)

(C’era una volta il West). Scénario : Sergio Leone, Sergio Donati d’après une histoire de Sergio Leone, Dario Argento et Bernardo Bertolucci. Avec : Charles Bronson (Harmonica), Henry Fonda (Frank), Jason Robards (Cheyenne), Claudia cardinale (Jill) Gabriele Ferzetti (Morton). 2h55.

Si les américains avaient l’habitude d’appeler "Spaghetti" le western italien non sans un certain mépris sarcastique, force est pour eux d’admettre que ces modestes séries B italiennes ont tout autant marqué l’histoire du genre que ses pionniers. Plus baroque, plus épique, plus grandiloquent, plus kitsch aussi, les italiens ont, quoi qu’on en dise, totalement réinventé les codes du genre pour marquer les esprits de toute une nouvelle générations d’amateurs de cinéma de genre.

Un quai de gare désert quelque part dans le Grand Ouest près de Flagstone. Trois hommes, vêtus de longs manteaux cache-poussière et coiffés de chapeaux à larges bords, attendent un voyageur pour l’abattre. Mais c’est leur cible, un homme sans nom que certains appellent Harmonica, qui sera le plus rapide. Celui-ci part à la recherche de Frank, un redoutable tueur à gages qui a autrefois fait pendre son frère sous ses yeux.

Séquence finale étudiée en classe :

 dilatation du temps
 fétichisme : mythologie de l’Ouest (chapeau, bottes, longs manteaux, pistolets...)
 flashbacks et coexistence des temporalités
 bouleversement de l’échelle des plans
 musique d’Ennio Moriconne

Comparaison avec le duel final de El Perdido de robert Aldrich (1961), influence nette sur la séquence de Leone.

Comme d’habitude chez Leone, les séquences de duel sont très travaillées. En observant la position des hommes de main de Frank, Harmonica comprend d’abord ses nouvelles méthodes puis le fait qu’il vient d’être trahi par son patron. Après cette mise à mort ratée de Frank par ses hommes, viendra le duel final, filmé avec deux grands arcs de cercle, le dernier autour de la veste de Frank.

On notera enfin les quatre flash-back espacés. Par deux fois, on ne voit seulement que la silhouette floue d’un homme qui avance. Puis, lors du duel, la mise au point se fait sur le visage inattendu de Frank qui enfonce un harmonica dans la bouche du héros, jeune, portant sur ses frêles épaules son frère pendu. Le quatrième flash-back, qui suit presque immédiatement, montre le héros tombant dans la poussière, sanctionnant du même coup la mort de son frère. L’image de la chute dans la poussière est reprise une ultime fois en charge par Frank qui, blessé à mort dans le duel, comprend qui est son adversaire.

L’Ouest de Leone est un monde sans pitié, âpre et dominé par le sadisme et la vengeance. Cette violence s’incarne, comme dans les westerns précédents, par de brèves explosions de violences succédant à des séquences dilatées (la séquence du générique dure, à elle seule, 9’30 et repose sur quelques sons : une poule, une girouette, une mouche, le vent et quelques gouttes d’eau).

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Elle s’incarne aussi par des oppositions de gros plans, souvent des regards (premières présentations de Harmonica, de Frank ou de Cheyenne dans une succession de gros plans très sophistiqués) ou des armes à feu. Comme plus tard chez Eastwood, la vengeance est présentée comme le seul moyen de rendre la justice et est exaltée par la musique : la première apparition du thème de la vengeance se fait entendre sur le massacre de la famille.

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